sim2g Séminaires Atelier de Montpellier Programme A non gouvernemental MIS for vegetables in Madagascar: the SIEL. Relevance and issues of the system - Aurelien Penche, Institut des Régions Chaudes
Résumé :
L’association française de développement agricole FERT a décidé d’engager en complément de ses actions d’appui à la production, des actions d’appui à la commercialisation pour répondre aux difficultés qu’éprouvent les maraîchers des hautes terres de Madagascar pour valoriser leur production,. Après des tentatives d’aide à l’organisation des producteurs, FERT s’est tourné vers la création en 2006 d’un SIM : le Service d’Information Economique des Légumes (SIEL). Il fonctionne grâce à un réseau déjà en place de techniciens agricoles ou autres agents territoriaux, ce qui permet de réduire les coûts et d’accompagner les producteurs dans l’interprétation et l’utilisation de l’information produite par le SIEL. Une étude a été menée en 2009 afin d’analyser l’adéquation entre le SIEL et les besoins des producteurs.
Le SIEL s’intéresse aux cinq légumes d’importance économique majeure à Madagascar : tomates, pommes de terre, carottes, oignons et haricots verts. Leur commercialisation s’organise autour de filière souvent longues, que ce soit en termes de distance parcourue ou en nombre d’intermédiaires impliqués. Les prix sont relevés sur 17 marchés de gros (6 marchés de consommation et 11 marchés de production). Les relevés sont effectués lors du marché hebdomadaire principal dans les différents sites, à l’exception des deux marchés de gros à Antananarivo, la capitale. Les données sont centralisées et traitées au bureau de FERT à Antsirabe et renvoyées dans les zones de productions. La diffusion des informations se fait principalement via des tableaux affichés chaque semaine sur quinze marchés de production. Sur ces tableaux sont inscrits les prix des marchés susceptibles d’intéresser les producteurs de la zone. Pour chaque marché et chaque produit, trois prix sont inscrits sur les tableaux : le prix minimum relevé, le prix maximum, et le prix modal (le plus fréquent). En plus de ces prix, une indication de volume est inscrite, (1+, 2+ ou 3+) traduisant l’activité du marché pour chaque produit. En outre, le SIEL diffuse mensuellement des notes de conjonctures et des courbes de prix dans 2 journaux à destination des paysans. La diffusion via des radios rurales existe également dans quelques zones.
Si le SIEL connait un vrai succès auprès des producteurs, comme en témoigne la forte expansion des zones couvertes depuis sa création, l’étude souligne que son impact est cependant limité par différents facteurs liés d’une part à l’organisation du marché et aux stratégies des acteurs, d’autre part à l’efficacité du dispositif lui-même :
Organisation du marché et sources d’information : On a pu mettre en évidence l’importance des volumes commercialisés en dehors des places de marchés officielles hebdomadaires, ce qui entache la représentativité des prix relevés au niveau des zones de production. Cette caractéristique des modes de mise en marché montre aussi les limites d’une diffusion de l’information au niveau de seules places marché. L’étude montre que les producteurs ont une bonne connaissance du marché local et des zones de productions proches, leurs besoins en information concernent principalement les marchés de destinations de leurs produits, souvent géographiquement éloignés. Ils ne reçoivent en effet des informations concernant ces marchés que par le biais des commerçants qui n’ont pas intérêt à transmettre des informations stratégiques. On constate également que les producteurs privilégient les informations reçues par le biais des autres acteurs du marché ou provenant de leurs observations personnelles à celles qu’ils peuvent obtenir par le SIEL.
Stratégies des acteurs : Les possibilités d’arbitrages sont limitées pour la plupart des producteurs. Les coûts de transport élevés limitent leur capacité à réaliser des arbitrages spatiaux et les risques liés à un éventuel échec des transactions sur de nouveaux marchés dissuadent beaucoup de producteurs. En outre, on retrouve souvent des situations d’oligopsone en aval dans la filière, ce qui limite considérablement le pouvoir de négociation des producteurs. Ces observations montrent que l’apport d’information économique ne suffit pas à améliorer les conditions de commercialisation des producteurs. La plupart privilégient en fait des actions au niveau de la production pour améliorer la valorisation des produits, en améliorant la qualité par exemple. On observe localement une spécialisation des paysans dans un seul ou dans un petit nombre de légumes pour mieux maîtriser les itinéraires techniques, la qualité et les circuits de commercialisation. On distingue néanmoins deux types de producteurs qui ont la possibilité et l’intérêt à réaliser des arbitrages : les « gros » producteurs de légumes disposant de ressources financières suffisantes pour investir dans la commercialisation afin d’augmenter leurs marges et qui peuvent se permettre de prendre des risques commerciaux; et les « petits » producteurs qui ont peu de foncier mais qui disposent de temps disponible pour s’investir dans la commercialisation afin de dégager des revenus complémentaires à ceux de leur activité agricole. Une bonne connaissance du marché leur permettrait de réaliser des arbitrages spatio-temporels.
Efficacité du dispositif : On observe que les tableaux d’affichage, principaux moyens de diffusion du SIEL, sont peu connus des producteurs qui ne bénéficient pas directement de l’appui des techniciens de FERT. Leur efficacité est en particulier tributaire du niveau d’éducation des paysans, celui-ci étant généralement faible, beaucoup éprouvent des difficultés dans la compréhension des tableaux. On a pu mettre en évidence que la connaissance et la compréhension des informations sont nettement meilleures dans les quelques zones où le SIEL diffuse par la radio. En outre, les producteurs sont surtout demandeurs d’informations sur les marchés urbains alors que le SIEL diffuse beaucoup d’informations sur les marchés de productions et que plusieurs villes importantes ne sont pas couvertes par le SIM. On a pu observer l’importance de l’accompagnement fourni par les techniciens à certains paysans pour la compréhension et l’utilisation des informations diffusées : Certains se sont dirigés vers de nouvelles cultures ou ont changé leurs calendriers de production afin de dégager de meilleurs revenus. Beaucoup de producteurs disent également que l’information les aide dans leur appréciation d’un juste prix et dans les négociations avec les acheteurs.
On peut conclure de cette étude que le SIEL n’a pas encore un impact significatif sur l’organisation des activités commerciales dans la filière et le rééquilibrage des positions des producteurs par rapport aux intermédiaires marchands. Si beaucoup de facteurs tendent à rendre les informations diffusées difficilement exploitables par les producteurs, des améliorations techniques et organisationnelles peuvent être faites afin d’améliorer l’efficacité du service. L’appui des techniciens conjugué à l’apport d’information semble en particulier prometteur. Le financement et la gestion du dispositif par les producteurs est difficilement envisageable pour le moment, mais la pérennisation du dispositif sous sa forme actuelle n’est pas menacée vu son coût de fonctionnement relativement faible.
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